Deux bijoux de techno minimale.
A ma gauche, le Brésilien Gui Boratto, à ma droite le Suédois Axel Willner aka "The Field". A ma gauche une couverture d'album dément son titre, Chromophobia, et à ma droite, From here we go sublime se pare d'un blanc immaculé alors qu'il recèle un kaléidoscope de sons. Deux albums réussis de techno minimale sortis en 2007, et qui nous entraînent là où tout n'est qu'élémentaire, danse et volupté.
Chromophobia
Né en 1974 à Saõ Paulo, Gui Boratto a sorti son premier album Chromophobia, un peu dans la lignée de Ricardo Villalobos. Après Scene 1 en guise d'introduction, plein de basses grondantes, comme la pluie avant l'orage, on entre très vite dans le vif du sujet avec Mr Decay, enlevé et sans fioritures, avec ses petits beats secs comme des coups de trique. Assez orienté dance-floor, les titres Shebang, Gate 7, et Chromophobia procurent des bouffées d'adrénaline au milieu de titres plus down-tempo : Malá Strana, quelques gouttes de piano versées sur une vague d'une douceur infinie, et Acróstico, où une mélodie frondeuse vient s'aggriper à une boucle grave qui se délie grassement. Un de mes morceaux préférés : The Blessing, un BPM accéléré entrechoque des sons de brisures.
Beautiful Life, moins audacieux que tout le reste avec son refrain entêtant, tire l'album vers un côté plus mainstream. C'est tout naturellement que ce titre à trouvé vidéo-clip à son pied dansant.
From here we go sublime
A ceux qui aiment l'écurie anglaise Border Community (Nathan Fake, James Holden, etc.), From here we go sublime devrait plaire. En provenance des pays scandinaves, après le Norvégien Trentemøller (et son somptueux opus The Last Resort), le froid a soufflé The Field. Son album sorti sur le label allemand Kompakt est une merveille. Axel Willner a créé une densité sonore, très ambient, qui ne cède pas à l'écoute, d'un bout à l'autre.
Le premier morceau Over The Ice avec un sample de voix saccadé donne le ton : précis, concis et urgent. Sur le deuxième, A Paw in my face, quelques accords de guitare s'embarquent sur un rythme rapide, qui révèle leur délicatesse. Good Things End s'aventure dans des contrées plus sombres, des échos de voix percent une incroyable texture ronflante. The Little Heart beats so fast mêle beat acide et gémissement sur lequel vient se greffer progressivement un chœur interrompu. Le plus long morceau de l'album, The Deal, repose sur une transe extatique d'une dizaine de minutes. Sun & Ice défile sur les mêmes horizons, ouverts, comme à bord d'une sorte d'Arctic Express. Plus calmes, Mobilia et From here we go sublime viennent parachever l'ensemble dans la sérénité, deux cartes postales d'un voyage ultra-rafraîchissant.
Le site de Gui Boratto.
Une interview (en anglais) de The Field.