« Auprès de moi toujours » de Kazuo Ishiguro : tout ça pour ça

Publié le par joe

"Never let me go" / Auprès de moi toujours.Dans la plupart des critiques positives que je lis sur Auprès de moi toujours (Never let me go en VO), leurs auteurs recommandent de ne pas divulguer le récit. Je n'ai pas aimé ce livre, alors je ne vais pas me gêner.  Il s'agit de l'histoire de clones élevés comme des enfants/ados ordinaires, en pension, élevés pour donner leur foie, leur cœur, etc., jusqu'à la mort. Voilà, je viens déjà de vous épargner la lecture d'un tiers du roman puisque cette révélation arrive assez tardivement. Entre-temps, le lecteur qui n'aura pas jeté ce roman aux oubliettes aura assisté à la vie quotidienne et aux propos mièvres de jeunes gens dans un collège coupé du monde.

Kazuo Ishiguro se plaît à reculer sans cesse les révélations ci-dessus.  Et cette intention de ne donner ses informations au compte-gouttes est tellement évidente et orgueilleuse (vous ne comprenez pas ce qui se passe, c'est pas grave, regardez mes personnages comment ils sont passionnants) qu'au bout d'un moment, on n'a plus envie de rentrer dans son jeu, ni de continuer à se taper un style aussi limpide que chichiteux.

Le problème majeur d'Auprès de moi toujours, c'est qu'il ne se passe rien... Ou si peu : la narratrice a perdu une cassette de musique et ça la rend triste. Tous les "clones" sont résignés à leur sort, aucun ne songe à se rebeller. Soit... Mais leur manque de curiosité est tellement pas crédible ("Ah tiens ! On n'a pas de parents, ça doit être normal"). Je comprends qu'Ishiguro ait voulu mettre le lecteur mal à l'aise en montrant la passivité d'être humains destinés à être charcutés. Mais encore faut-il la mettre en scène de manière susceptible de provoquer une émotion. 

En situant son roman dans une Grande-Bretagne de l'après-Seconde guerre mondiale mais sans aucune mise en perspective politique, les personnages vivent en vase clos (mais ils connaissent quand même Kafka, Picasso et Joyce, ouf !). 

Je ne parle même pas des états d'âme de la narratrice (niaise)... d'une platitude absolue. 

Un roman fermé sur lui-même et du coup pas très généreux.

Publié dans C'est tout lu !

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D
Moi je veux bien que tu me racontes la fin tiens, quitte à aller dans le foutu pour foutu!
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J
Bah la fin, c'est ça : la narratrice va voir la personne qui, lorsqu'elle était dans ce collège, récupérait les œuvres d'art que faisaient les gamins. Cette personne lui explique que c'était pour démontrer que ces clones/gamins avaient aussi une âme et qu'il fallait les considérer comme des êtres humains à part entière, etc.