« A la croisée des mondes », la trilogie de Philip Pullman

Publié le par joe

J'en suis venu à bout avec un sourire béat, me laissant porter page après page par cette histoire-fleuve écrite par Philip Pullman. J'avais dit à un pote qu'on irait voir l'adaptation cinématographique* du premier tome (Les Royaumes du Nord), seulement je voulais lire le bouquin avant. Et puisque le Golb en avait dit du bien dans une critique express... Dans la foulée, j'ai dévoré le deuxième (La Tour des anges) en une nuit, puis le troisième (Le Miroir d'ambre). 

Les Royaumes du Nord se déroule dans un monde assez proche du nôtre, où les êtres humains se voient chacun attribuer un dæmon, un animal ou un insecte qui renferme - ou plutôt révèle -  leur âme (un peu comme Marc-Olivier Fogiel et sa hyène Zaza dans les Guignols de l'info). Lyra, une gamine au caractère effronté, est élevée dans un établissement prestigieux d'Oxford. Sur les pas de son oncle Asriel, elle s'embarque vers l'Arctique, où elle découvrira comment des enfants qui ont été enlevés servent à une sinistre expérience. Elle découvrira aussi le lien mystérieux qui unit les humains, leur dæmon et une étrange matière appelée "Poussière" (avec un P majuscule svp).

A la croisée des mondes invente un univers d'une grande richesse, qui fait se mêler diverses mythologies et croyances. On y croise des sorcières, des Tartares, des anges, des ours parlants, des gitans, des harpies, des spectres... et une galerie de créatures encore plus étranges : des Gallivespiens, espions chevauchant des libellules, et des Mulefas, quadrupèdes à trompes se déplaçant sur des roues. Et comme dans tout roman d'heroic fantasy qui se respecte, deux objets magiques aux pouvoirs très convoités : un aléthiomètre en or massif dont l'interprétation permet de connaître la vérité et un couteau dont la lame ouvre des fenêtres sur une infinité de mondes. 

Les héros, Lyra et un garçon nommé Will, ont beau être des enfants, la trilogie s'adresse à un public de tous âges, pourvu qu'il aime se faire raconter des histoires. Ces romans ne sont jamais niais ou manichéens. Les personnages, aux traits de caractère qui se dévoilent au fur et à mesure, commettent des erreurs, font souvent preuve de faiblesse, et parfois démonstration de cruauté, de lâcheté ou d'orgueil. Je repense à ces moments intenses : l'Ours-Roi Iorek Byrnison dévorant le cadavre de son ami, en guise de rituel, et les chapitres où les héros s'enfoncent dans le monde des morts.

Cette trilogie interroge subtilement les notions de bien et de mal, de connaissance, de corps et d'esprit, de religion, brocardant au passage l'Eglise en tant qu'institution intolérante. C'est une œuvre à l'imagination foisonnante, mais qui ne s'égare jamais en chemin, ouvrant et refermant scrupuleusement toutes les intrigues. A la croisée des mondes est une lecture enchanteresse.

* L'adaptation affligeante des Royaumes du Nord au ciné

En regardant La Boussole d'or, j'avais envie de faire mon seppuku à chaque plan, envie de libérer mon âme à défaut de pouvoir quitter la salle, tellement l'adaptation par Chris Weitz était affligeante de nullité. C'est l'un des plus mauvais films que j'ai vus cette année. Pas une seule idée de mise en scène, autant de relief qu'un écran LCD.  A Hollywood, il suffit d'avoir réalisé une comédie à succès pour les teenagers (American Pie) pour que les nababs vous remettent les clés du studio. Et dire que Philip Pullman a donné sa caution au film.

Publié dans Fan de SF

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D
Acheté à ma nièce pour noël, qui l'avait déjà, donc tonton se retrouve avec le livre à la maison... ça donne envie de s'y mettre ton article, en plus vu le poids de l'intégrale ça me fera les bras ;)
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J
Salut ma musique du quotidien ! Au moins, tu ne l'avais pas lu,  c'est déjà ça. J'espère qu'il te plaira, sinon tu pourras toujours te faire les biceps avec, c'est clair :)